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Sciences humaines & sociales
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«Deux siècles de révolte, métaphysique ou historique, s'offrent justement à notre réflexion. Un historien, seul, pourrait prétendre à exposer en détail les doctrines et les mouvements qui s'y succèdent. Du moins, il doit être possible d'y chercher un fil conducteur. Les pages qui suivent proposent seulement quelques repères historiques et une hypothèse de lecture. Cette hypothèse n'est pas la seule possible ; elle est loin, d'ailleurs, de tout éclairer. Mais elle explique, en partie, la direction et, presque entièrement, la démesure de notre temps. L'histoire prodigieuse qui est évoquée ici est l'histoire de l'orgueil européen.»
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Ci-gît l'amer : guérir du ressentiment
Cynthia Fleury
- Gallimard
- Blanche
- 1 Octobre 2020
- 9782072858550
La philosophie politique et la psychanalyse ont en partage un problème essentiel à la vie des hommes et des sociétés, ce mécontentement sourd qui gangrène leur existence. Certes, l'objet de l'analyse reste la quête des origines, la compréhension de l'être intime, de ses manquements, de ses troubles et de ses désirs. Seulement il existe ce moment où savoir ne suffit pas à guérir, à calmer, à apaiser. Pour cela, il faut dépasser la peine, la colère, le deuil, le renoncement et, de façon plus exemplaire, le ressentiment, cette amertume qui peut avoir notre peau alors même que nous pourrions découvrir son goût subtil et libérateur.L'aventure démocratique propose elle aussi la confrontation avec la rumination victimaire. La question du bon gouvernement peut s'effacer devant celle-ci : que faire, à quelque niveau que ce soit, institutionnel ou non, pour que cette entité démocratique sache endiguer la pulsion ressentimiste, la seule à pouvoir menacer sa durabilité ? Nous voilà, individus et État de droit, devant un même défi : diagnostiquer le ressentiment, sa force sombre, et résister à la tentation d'en faire le moteur des histoires individuelles et collectives.
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Cela fait longtemps que Régis Debray ne prend plus sa plume pour une épée. Qu'à cela ne tienne. Nostalgique sans amertume ni ressentiment, il voit se réveiller en lui certains souvenirs incongrus, de ceux qui font un drôle de parcours, de quatre à quatre-vingt-quatre ans. En passant par les Deux-Sèvres, les USA, les Andes, la prison, Moscou et la rue d'Ulm. Sans oublier ces rencontres qui furent autant de leçons et d'amitiés surgissant un jour sans jamais s'évanouir - Bernard Pivot, François Maspero, Chris Marker, Stéphane Hessel, Simone Signoret, Julien Gracq, Edgar Morin... Passé embuscades et mots d'auteur, ce n'est pas de clore le bal qu'il s'agit, mais de récapituler une existence pour mieux envisager la suivante. Donc pas de temps à perdre. Il faut se préparer simplement... à faire mieux la prochaine fois.
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TQuand l'homme en est réduit ´r l'extreme dénuement du besoin, quand il devient celui qui mange des épluchures, l'on s'aperçoit qu'il est réduit ´r lui-meme, et l'homme se découvre comme celui qui n'a besoin de rien d'autre que le besoin pour, niant ce qui le nie, maintenir le rapport humain dans sa primauté. Il faut ajouter que le besoin alors change, qu'il se radicalise au sens propre, qu'il n'est plus qu'un besoin aride, sans jouissance, sans contenu, qu'il est rapport nu ´r la vie nue et que le pain que l'on mange répond immédiatement ´r l'exigence du besoin, de meme que le besoin est immédiatement le besoin de vivre.t Maurice Blanchot.
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Voici le jardin du philosophe. On y cueillera des fruits m"uris sur le tronc de la sagesse commune et dorés ´r cette autre lumicre des idées. Ils en reprennent leur saveur d'origine, qui est le go"ut de l'existence. Saveur oubliée en nos pensées ; car on voudrait s'assurer que l'existence est bonne et on ne le peut ; on en déçoit donc l'espérance par précaution, prononçant qu'elle est mauvaise. De l´r s'étend l'empire de l'imagination déréglée, en quoi Alain, se confiant ´r la sagesse du corps, restaure la souveraineté claire de l'homme heureux et qui n'attend pas pour l'etre, ici et non ailleurs, que l'événement lui donne raison, acteur enfin et non spectateur de soi-meme.
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«Les palais de la grande vie se dressent près de nous. Ils sont habités par des rois, là par des mendiants. Thérèse de Lisieux et Marilyn Monroe. Marceline Desbordes-Valmore et Kierkegaard. Un merle, un geai et quelques accidents lumineux. La grande vie prend soin de nous quand nous ne savons plus rien. Elle nous écrit des lettres.» Christian Bobin.
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Composition française ; retour sur une enfance bretonne
Mona Ozouf
- Gallimard
- Blanche
- 19 Mars 2009
- 9782070124640
La France a toujours vécu d'une tension entre l'esprit national et le génie des pays qui la composent, entre l'universel et le particulier. Mona Ozouf se souvient l'avoir ressentie et intériorisée au cours d'une enfance bretonne. Dans un territoire exigu et clos, entre école, église et maison, il fallait vivre avec trois lots de croyances disparates, souvent antagonistes. À la maison, tout parlait de l'appartenance à la Bretagne. L'école, elle, au nom de l'universelle patrie des droits de l'homme, professait l'indifférence aux identités locales. Quant à l'église, la foi qu'elle enseignait contredisait celle de l'école comme celle de la maison.
En faisant revivre ces croyances désaccordées, Mona Ozouf retrouve des questions qui n'ont rien perdu de leur acuité. Pourquoi la France s'est-elle montrée aussi rétive à accepter une pluralité toujours ressentie comme une menace ? Faut-il nécessairement opposer un républicanisme passionnément attaché à l'universel et des particularismes invariablement jugés rétrogrades ? À quelles conditions combiner les attachements particuliers et l'exigence de l'universel ? En d'autres termes, comment vivre heureusement la « composition française » ?
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Nous ne sommes pas remplaçables. L'État de droit n'est rien sans l'irremplaçabilité des individus. L'individu, si décrié, s'est souvent vu défini comme le responsable de l'atomisation de la chose publique, comme le contempteur des valeurs et des principes de l'État de droit. Pourtant, la démocratie n'est rien sans le maintien des sujets libres, rien sans l'engagement des individus, sans leur détermination à protéger sa durabilité. Ce n'est pas la normalisation - ni les individus piégés par elle - qui protège la démocratie. La protéger, en avoir déjà le désir et l'exigence, suppose que la notion d'individuation - et non d'individualisme - soit réinvestie par les individus. 'Avoir le souci de l'État de droit, comme l'on a le souci de soi', est un enjeu tout aussi philosophique que politique. Dans un monde social où la passion pour le pouvoir prévaut comme s'il était l'autre nom du Réel, le défi d'une consolidation démocratique nous invite à dépasser la religion continuée qu'il demeure.
Après Les pathologies de la démocratie et La fin du courage, Cynthia Fleury poursuit sa réflexion sur l'irremplaçabilité de l'individu dans la régulation démocratique. Au croisement de la psychanalyse et de la philosophie politique, Les irremplaçables est un texte remarquable et plus que jamais nécessaire pour nous aider à penser les dysfonctionnements de la psyché individuelle et collective.
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Plus secrète que La Mecque, plus difficile d'accès que Lhassa, il existe au coeur de la jungle birmane une petite cité inconnue des hommes et qui règne pourtant sur eux par ses fabuleuses richesses depuis des siècles : c'est Mogok, citadelle du rubis, la pierre précieuse la plus rare, la plus chère, la plus ensorcelante. Mogok, perdue dans un dédale de collines sauvages par-delà Mandalay. Mogok autour de laquelle rôdent les tigres. La légende assure qu'aux temps immémoriaux un aigle géant, survolant le monde, trouva dans les environs de Mogok une pierre énorme, qu'il prit d'abord pour un quartier de chair vive tant elle avait la couleur du sang le plus généreux, le plus pur. C'était une sorte de soleil empourpré. L'aigle emporta le premier rubis de l'univers sur la cime la plus aiguë de la vallée. Ainsi naquit Mogok...
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Pourquoi elle ?Pourquoi une biographie de Jacqueline de Ribes ?Je ne m'étais intéressée jusque-là qu'à des vies dont l'art était le coeur battant. Des vies dont l'essentiel fut de peindre, écrire ou sculpter.C'est sa propre vie qui est l'oeuvre de Jacqueline de Ribes. Une vie qu'elle a magnifiée, sublimée, mais qui garde à mes yeux sa part de mystère.Quelle femme et quels secrets se cachent derrière la légende de papier glacé ?Figure de la jet-set des années soixante. L'un des «Cygnes» préférés de Truman Capote et de Richard Avedon. Amie d'Yves Saint Laurent et de Luchino Visconti. Elle est devenue une icône du style et un symbole de l'élégance française. Une reconnaissance mondiale illustrée, en 2015, par une magistrale exposition au Metropolitan Museum de New York. Son visage a été projeté en pleine lumière sur l'Empire State Building.Ce destin, qui voit s'achever l'ancien monde et apparaître de nouveaux codes, des innovations stupéfiantes, j'ai tenté d'en déchiffrer l'énigme.D. B.
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Histoire intime de la Ve République Tome 2 : la belle époque
Franz-Olivier Giesbert
- Gallimard
- Blanche
- 20 Octobre 2022
- 9782072969294
C'était le bon temps. Quand la France contemporaine nous accable, il suffit, pour aller mieux, de se ramentevoir celle des années 1970, rythmées par les films de Sautet, les chansons de Dalida, Nino Ferrer, Alain Bashung. Sous le signe - très masculin - de Pompidou, Giscard, Mitterrand, Barre, Rocard, Sartre et Mao, elles furent à la fois insouciantes, bourgeoises et révolutionnaires. Pour écrire cette trilogie, j'ai épluché plus de cinquante ans d'archives personnelles. Ce qui m'a permis de confronter mes regards d'hier et d'aujourd'hui, ceux des acteurs de l'époque aussi, avec mes souvenirs les plus personnels comme avec les grands évènements historiques, dans un mouvement de va-et-vient permanent. Très vite, je me suis rendu compte que ce travail permettrait d'éclairer la question qui nous étreint tous, plus ou moins : que nous est-il arrivé ? Pendant la décennie 1970, sujet de ce deuxième tome, la France a continué de progresser, dans la foulée du «Sursaut» gaullien que je vous ai raconté dans le précédent volume. Portée par une croissance économique incroyable, c'est la Belle Époque de la V?. Mais après avoir été frappée par deux chocs pétroliers très violents, elle a peiné à relever les défis qui se posaient : l'urgence écologique, le début de la désindustrialisation et du chômage, l'immigration, la perte de l'autorité, des repères... Tous les germes étaient à l'oeuvre, à bas bruit, au cours de ces années-là, peut-être moins radieuses qu'elles ne le semblent aujourd'hui, la nostalgie aidant.
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Histoire intime de la Ve République Tome 1 : le sursaut
Franz-Olivier Giesbert
- Gallimard
- Blanche
- 4 Novembre 2021
- 9782072966811
Si je me suis attelé à ce vaste projet - une histoire intime de la V? République en trois époques -, c'était pour essayer de comprendre comment notre cher et vieux pays a pu, en quelques décennies, s'affaisser à ce point, dans un mélange de déni, masochisme et contentement de soi, sur fond de crise existentielle. La décadence n'est jamais écrite. Quand le général de Gaulle a pris le pouvoir en 1958, la France était quasiment par terre, à cause, entre autres, de la guerre d'Algérie et de l'effondrement des «élites». Prophétique, machiavélique et prosaïque, il l'a remise debout en à peine un an, sans négliger les plus infimes détails, ni lésiner sur les roueries et les mensonges. Le personnage que je dépeins est bien plus complexe que celui de la légende. Pourquoi une histoire «intime» ? Parce que l'histoire est toujours écrite par ceux qui l'ont faite ou vécue, et que j'ai voulu ajouter, en m'appuyant sur mes notes de l'époque, mon regard d'alors en le confrontant à celui d'aujourd'hui, dans un va-et-vient permanent. «Intime» encore parce que ce retour sur un passé récent entend inclure aussi le regard que portaient naguère les contemporains sur l'odyssée gaulliste qu'ils étaient en train de vivre : je cherche à décrire un monde et une manière d'être français dont le souvenir commence à s'éteindre. Dans ce premier tome, c'est le stupéfiant redressement du pays par le Général que je raconte, jusqu'à la chute du grand homme, après onze ans de pouvoir. Puisse ce récit personnel permettre de tirer, pour aujourd'hui, les leçons d'une résurrection française qui, sur le moment, semblait impossible. F.-O. G.
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Joseph Kessel possède le calme, l'humour et le lyrisme, trois vertus que l'on trouve de plus en plus rarement liées. Il suffit de lire quatre lignes de lui pour sentir qu'il détient les secrets qui permettent de vivre et de regarder les êtres au plus haut degré de chaleur possible. L'historiographe de Mermoz, le romancier du Lion et des Cavaliers, le journaliste et le poète de l'aventure devait bien, un jour, s'enfoncer dans les lieux les plus sombres et les plus violents de l'Afrique. Le voici chez les Mau-Mau, au sein d'une révolte politique et religieuse où s'affrontent la conception magique et la conception pratique du monde. Le voici parmi les derniers seigneurs de la terre, qu'il s'agisse des grands fauves, des grands sorciers, des grands colons ou des grands chasseurs. Joseph Kessel refuse nos distinctions conventionnelles. Ce qui compte pour lui, c'est l'intensité de la vie qui passe à travers les créatures vivantes : bêtes, hommes blancs ou noirs. Au-delà d'un document et d'un reportage, on trouvera donc dans ce livre une vision poétique d'un monde où la poésie gît encore à l'état brut.
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Malaise dans la culture. Car la culture, c'est la vie avec la pensée. Et on constate aujourd'hui qu'il est courant de baptiser culturelles des activités où la pensée n'a aucune part. Des gestes élémentaires aux grandes créations de l'esprit, tout devient ainsi prétendument culturel. Pourquoi alors choisir la vraie culture, au lieu de s'abandonner aux délices de la consommation et de la publicité, ou à tous les automatismes enracinés dans l'histoire.
Certes, nul ne sort plus son revolver quand il entend le mot «culture». Mais, champions de la modernité ou apôtres de la différence, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui, lorsqu'ils entendent le mot «pensée», sortent leur culture.
Une question simple est à l'origine de ce livre : comment en est-on arrivé là ?
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TPeinture.
L'objet de la peinture est indécis.
S'il était net, - comme de produire l'illusion de choses vues, ou d'amuser l'il et l'esprit par une certaine distribution musicale de couleurs et de figures, le problcme serait bien plus simple, et il y aurait sans doute plus de belles uvres (c'est-´r-dire conformes ´r telles exigences définies) - mais point d'uvres inexplicablement belles.
Il n'y aurait point de celles qui ne se peuvent épuiser.t Pendant un quart de siccle Paul Valéry a pris des notes sur tous les problcmes qui le préoccupaient. La philosophie et l'art se détachent particulicrement au cours de ce recherches instantanées.
Chacun de ces textes contient ´r l'état d'aphorismes, de formules, de fragments ou de propos, voire de boutades, mainte remarque ou impression venue ´r l'esprit, ç´r et l´r, le long d'une vie, et qui s'est fait noter en marge de quelque travail ou ´r l'occasion de tel incident dont le choc, tout ´r coup, illumina une vérité instantanée, plus ou moins vraie. De ces pensées et aphorismes se dégage une pensée d'une rigueur exemplaire et qui propose une méthode d'investigation d'une rare acuité.
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« J'ai réuni dans ce livre des articles que, pendant quarante ans, j'ai donnés au Nouvel Observateur. C'est une actualité littéraire fantasque qui les a souvent inspirés et les figures imposées du journal qui en ont dicté la forme : une brocante où le hasard semble avoir plus à dire que la nécessité. Et pourtant, cette promenade buissonnière à travers les livres dessine peu à peu un itinéraire familier. On trouvera ici les aveux du roman, les mots des femmes, l'ombre portée de la Révolution sur les passions françaises et un tableau de la France et des Français où l'on voit une diversité obstinée tenir tête à la souveraine unité de la nation. Ces rencontres d'occasion avec les oeuvres et les figures du passé me renvoient donc à mes goûts et à mes attaches. Je n'ai pas de peine à retrouver en elles des voix amicales et des présences consolantes. J'y vois aussi surgir l'événement intempestif, la rencontre inattendue, la surprise des sentiments. La littérature et l'histoire, sur la chaine usée des destinées humaines, n'ont jamais fini de broder les motifs de la complexité humaine. Telle est la cause des livres ». (Mona Ozouf)
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Témoignages d'Henri Alleg, Mme Maurice Audin, du Général de Bollardière, R.P. Chenu, du Dr Jean Dalsace, J. Fonlupt-Esperaber, Françoise Mallet-Joris, Daniel Mayer, André Philip, J.-F. Revel, Jules Roy, Françoise Sagan. Portrait original de Picasso. Hommage des peintres Lapoujade et Matta
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Si je cherche une cohérence, une unité aux cent vies dont on dit qu'elles furent miennes, le divin plongeur - c'est le nom, au musée de Paestum, de la fresque qui ornait le plafond d'une tombe - occupe une place centrale. J'ai plongé en vérité tout au long de ma vie, et pas seulement dans la mer. Les choix décisifs que j'ai été amené à accomplir furent comme des plongeons, des piqués dans le vide. Voilà pourquoi j'ai décidé de donner ce titre, La Tombe du divin plongeur, à des textes écrits à différents âges de ma vie, en des occurrences radicalement étrangères les unes aux autres et aujourd'hui introuvables, oubliés ou ignorés.
Pendant vingt ans, entre 1950 et 1970, je n'ai vécu que de ma plume, écrivant sous mon nom ou sous des pseudonymes. Mais on ne trouvera pas seulement dans ce livre ce que j'appelle mes écrits alimentaires, portraits d'acteurs, d'écrivains, de chanteurs, de voyous, reportages aussi, mais encore des articles parus dans Les Temps Modernes, France-Observateur, Le Monde, consacrés à des événements importants du siècle, des textes politiques, polémiques, quelquefois les mêmes, tout un ensemble aussi qui s'organise autour de « Shoah », des préfaces, des oraisons funèbres, des discours.
En les relisant après tant d'années, je leur ai trouvé bien plus qu'un air de famille ; j'étais incapable de déceler entre les uns et les autres l'ombre d'une différence. Plus encore, entre l'écriture de ces textes et celle du Lièvre de Patagonie, la parentèle était plus qu'évidente : c'était la même écriture. C'est alors que j'ai pris la décision de faire paraître ce livre.
Avec La Tombe du divin plongeur, je lutte pied à pied, comme je l'ai toujours fait, contre toutes les morts. Dans ce recueil on pourra lire : « Le temps, pour moi, n'a jamais cessé de ne pas passer. »
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Contient 2 cartes
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Quelque part dans l'inachevé... Comment mieux saisir que par cette phrase de Rilke, l'insaisissable Jankélévitch. Un philosophe qui ressemble à un poète. Un écrivain qui est un musicien. Stimulé par les questions de Béatrice Berlowitz, il entrouvre enfin son domaine ; celui de l'impalpable, de l'étincelle fugace, du vague à l'âme, de la nostalgie ; il laisse s'épancher le monde secret qui habite au coeur de son oeuvre.On parle d'amour et d'humour, de musique et de silence, de morale et de politique, de réminiscences et d'innocence.Le lecteur s'apercevra vite que ces entretiens, ce dialogue, sont tout le contraire de ce que produit de nos jours le magnétophone, instrument trop précis, trop fidèle et pour tout dire vulgaire. Il s'agit d'un livre écrit, ce qui garantit une plus haute fidélité, et peut-être bien une oeuvre d'art.
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«Après avoir édité quelque sept cents livres, je me suis résolu à m'éditer moi-même. Cet ouvrage-ci mêle autobiographie intellectuelle et portrait d'époque à travers les interventions, polémiques et prises de position que j'ai été amené à provoquer ou à soutenir depuis cinquante ans. C'est au croisement de mon activité d'éditeur d'une intelligentsia encore au sommet de son rayonnement mondial et d'historien de la France contemporaine et de sa mémoire nationale que je me suis retrouvé "historien public". Depuis "Archives", cette collection de poche qui mettait les bibliothèques dans la rue et les archives dans la poche, jusqu'à "Liberté pour l'histoire", qui défend l'indépendance du travail de l'esprit, en passant par la revue Le Débat et Les Lieux de mémoire, qui réconcilient l'histoire de pointe avec la mémoire collective, une même volonté se dégage de tant d'engagements sans rapport apparent : mettre l'histoire au coeur de la culture et de l'identité françaises.» Pierre Nora.
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La stricte observance ; avec Rancé à la Trappe
Michel Onfray
- Gallimard
- Blanche
- 11 Octobre 2018
- 9782072821127
L'abbé de Rancé a vécu un deuil marquant : celui de sa maîtresse, la duchesse de Montbazon, grande libertine morte à l'âge de quarante-cinq ans. Bien des légendes courent autour de cet épisode, rapportées par Chateaubriand et par les chroniqueurs de la Trappe. Ce qui est certain, c'est que l'abbé a rompu brutalement avec ses pratiques hédonistes, s'est dépouillé de tous ses biens et a refondé l'ordre des Trappistes sur une règle d'une dureté inouïe.
Michel Onfray, séjournant à l'abbaye de la Trappe, interroge l'étrange relation à la mort et à Dieu qui motive, encore aujourd'hui, le retrait du monde et l'extrême sévérité de la discipline que s'imposent les moines trappistes. Ce texte, d'une vitalité impressionnante, amène également Michel Onfray à évoquer ses propres deuils, celui de son père et celui de sa compagne, comparant les effets de la perte sur sa vie d'athée convaincu et sur celle d'un croyant forcené comme Rancé
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La pensée qui prend feu ; Artaud le Tarahumara
Michel Onfray
- Gallimard
- Blanche
- 11 Octobre 2018
- 9782072821073
Comme il l'avait fait précédemment avec Gauguin et Segalen aux Marquises, Michel Onfray a suivi les traces d'Artaud au pays des Tarahumaras. En 1936, « ethnologue halluciné », Artaud cherche au Mexique - et dans le peyotl - un remède à l'inéluctable décadence de l'Occident et de l'Orient civilisés (en même temps qu'à ses propres souffrances). Mais en vérité c'est en poète et non en scientifique qu'il voit le monde et transporte son corps, supplicié par une syphilis congénitale dont son père était frappé lui aussi. On sait assez peu de choses sur les conditions concrètes du voyage d'Artaud, devenu légendaire. Ce qui intéresse Michel Onfray, c'est de comprendre pourquoi cet esprit libre et souffrant s'intéresse au Popol-Vuh à une époque où seul Le Capital et Freud captivent l'intelligentsia. Artaud, en 1936, veut dépasser le marxisme et le surréalisme : « Je suis venu au Mexique chercher une nouvelle idée de l'homme ». Artaud qui rêvait de trouver dans les rites précolombiens un moyen de rédemption, est rentré chez lui les mains vides et le coeur brûlé au spectacle d'une civilisation anéantie par la chrétienté et la modernité.
Quatre-vingts ans plus tard, Michel Onfray découvre à son tour ce qui reste des Tarahumaras et de leurs rites : un peuple acculturé, détruit par la tuberculose et l'électricité, vidé de sa mémoire, promis à la disparition - comme tant d'autres peuples « premiers » décimés par les conquêtes coloniales et religieuses.
On retrouve ici la méthode de pensée de Michel Onfray, et sa ligne directrice : marcher sur les pas des grands réfractaires (Nietzsche, Segalen, Gauguin, Artaud - artistes, poètes, écrivains, philosophes), dans les lieux de leurs visions fondamentales et prolonger leur réflexion sur la décadence et la mort des civilisations. L'Occident chrétien, dit-il, a commencé par détruire les autres civilisations avant de s'auto-consumer. Nous pouvons contempler les traces de ses crimes, et nous sommes en train d'assister à sa propre fin.
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Situations Tome 4 ; avril 1950 - avril 1953
Jean-Paul Sartre
- Gallimard
- Blanche
- 11 Juin 2015
- 9782070148875
De mai 1958 à octobre 1964, Sartre est sur tous les fronts. Depuis le premier volume de Situations, on le sait curieux et perspicace ami des écrivains et des artistes:Albert Camus, Paul Nizan, André Masson, Merleau-Ponty, Andreï Tarkovsky... Le refus du prix Nobel de littérature et la tonalité polémique que Sartre lui donne viennent mettre le point final à ces pages consacrées aux lettres et aux arts. Ce qui, incontestablement, tient la première place, c'est le combat politique. La toile de fond en est le conflit algérien et, de manière plus générale, les conflits du Tiers Monde; y apparaissent de grotesques figures, d'autres que Sartre juge plus pernicieuses et dangereuses pour la démocratie et la République, d'autres enfin qui sont à ses yeux porteuses d'espérance ou véritablement héroïques. Dans ce combat politique, Sartre fait flèche de tout bois:le polémiste y excelle, le moraliste y cisèle ses aphorismes; la violence va jusqu'au cri, semble emporter l'écrivain au-delà de toute retenue.Mais il est enfin un autre Sartre plus humain, plus fraternel, celui qui part à la recherche de ses amis disparus, qui sont morts prématurément, absurdement, et à qui il faut rendre hommage ou justice:Camus, Nizan et Merleau-Ponty. Ces trois éloges funèbres sont également trois occasions de revenir sur soi, de comparer sa propre vie et celle de ceux qui ont disparu, de voir tout le chemin parcouru, tantôt avec eux tantôt sans eux ou contre eux, de jeter sur qui l'on fut un regard qui n'a nulle complaisance mais qui n'est pas sans tendresse.