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Hortense Raynal
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"faire poésie c'est creuser. pour faire poésie, il faut que tu creuses, c'est inévitable. et tu dois le faire pour de vrai. tu peux pas gratter la terre comme ça du bout du doigt, puis t'arrêter, t'as cru quoi ? la poésie c'est salissant."
Dans son troisième livre, Hortense Raynal s'interroge sur ce qu'est la poésie, elle laisse ses mots et ses intuitions s'amalgamer en une « matière » de langage, de pensée, une matière terreuse, sale, puante, organique, une poésie-fumier, qui évolue en poésie-compost, pour nourrir, en fin de cycle, une langue poétique renouvelée et fertile. Comme l'écrit la poétesse Héloïse Brézillon qui signe la postface, ce texte nous permet d'observer « la poétesse, dans sa serre, avec ses bottes et ses sauterelles dans les cheveux, telle qu'elle fait le langage, bouture après bouture, les mains dans le terreau ». -
Depuis son premier recueil, Hortense Raynal chemine dans un ancien monde, qui peut ressembler à celui de l'enfance, oublié et perdu, et dont tout l'enjeu de son travail poétique est de s'astreindre à en faire émerger les images qu'elle peut encore sauver.
A travers ces nouveaux poèmes, sans arrêt sautant d'une idée à l'autre et d'une image à l'autre, la poétesse invoque des espaces dont elle s'est malgré elle éloigné, des paysages et des manières de dire le monde qui ont construit son rapport à celui-ci et qui risquent chaque jour de disparaître un peu plus. Les abandons sont autant les témoignages de choses perdues ou risquant de l'être qu'un appel à renverser cette fatalité et s'adresser à ceux qui ne sont plus, ceux qui ont abandonné, ceux qui sont les images d'un monde qui a participé à construire le nôtre. -
En 5 longs poèmes, Hortense Raynal réveille l'enfance, le foin, la jeunesse ardente et l'âpreté de la vie rurale dans une traversée sensible de sa région natale.
Une belle ode au pays d'Oc et aux réalités qu'on n'ose pas dire, une sorte de langue d'en bas, rugueuse, organique, qui heurte la mémoire de celle qui a quitté pour aller vivre « à la ville ».
On pense aux souvenirs de Paola Pigani, aux folies naturelles de Savtizkaya.
Dans ce texte puissant, on voit se dessiner la sincérité d'une déjà grande poétesse.
À lire, même à déclamer si l'envie vous en prend. Un premier ouvrage qui en appelle d'autres. -
Nous sommes des marécages
Hortense Raynal
- MaelstrÖm reÉvolution
- Rootleg
- 15 Février 2023
- 9782875054517
Nos cartes se rencontrent nos reliefs nos mares et nos étangs j'avais pensé j'avais stagné même quand on ne ressent rien on ressent ce qui stagne en nous Une conversation continue se met en place entre la poétesse et les reliefs, qui se confondent avec les vivants et les défunts. Elle écoute ce silence vert d'eau, cette parole invisible, terreuse et aqueuse, dans une immobilité de marais qui n'a pas peur de stagner. Pour qui perd son chemin, c'est une cartographie poétique qui punaise d'autres repères plus intimes et compréhensifs sur la carte, tisse des fils, laisse des traces. et à nouveau, nos marécages.