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Emmanuel Laugier
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Chambre distante est le troisième livre d'Emmanuel Laugier aux éditions Nous, après ltmw (2014) et Chant tacite (2020). Chambre distante est un livre de 111 poèmes écrits à partir de 111 photographies.
Les poèmes sont inscrits comme une ombre sur le verso de la page, se tenant dans l'espace de la page comme l'envers d'une image absente mais nommée. Le livre est écrit à la manière d'une investigation sensible, à partir de la fréquentation de multiples photographies, du dix-neuvième siècle à aujourd'hui.
Chaque poème est la transcription langagière d'un regard et de ce que l'image fait au regardeur-scripteur.
Les poèmes sont à la fois l'évocation et la trace d'une rencontre avec les oeuvres, de l'expérience d'écriture qu'elles produisent. -
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Chant tacite, le deuxième livre d'Emmanuel Laugier aux éditions Nous (après Ltmw, paru en 2013), est un livre ambitieux : se donnant à lire sous la forme d'un journal en poèmes, il s'est élaboré à partir de l'ordre des jours et de leur succession sur toute l'étendue d'une année civile. Les choses les plus ordinaires (impressions, descriptions, réflexions, constats), s'entremêlent parfois au regard porté sur d'autres arts (dont la photographie, le cinéma, la peinture), comme aux événements les plus communs qui constituent et forment le « sentiment de l'existence ». Chant tacite tresse ainsi différentes temporalités (du temps présent au plus lointain passé), et tisse, par la succession des poèmes, une durée spécifique. Les expériences sensibles qui s'écrivent sont toujours issues de la traversée de lieux, de saisons, de voyages - réels, projetés ou remémorés.
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Né à Privas le 4 mars 1927 et disparu le 27 octobre 2012 à Paris, Jacques Dupin offrit à ses lecteurs, par des livres rares et intenses, de Gravir (1963) à Dehors (1975) jusqu'à Contumace (1986]) ou Discorde (2017), la traversée d'expériences âpres, toujours tendues vers ce qu'elles ignoraient d'elles-mêmes. La tâche à laquelle le poème de Jacques Dupin se doit est celle d'un dehors à affronter. Dépassionnée et comme à distance, tout autant qu'exposée à ses pulsions contradictoires, son écriture se mesure à cette ironie, à ses affres, autant qu'aux embardées réitérées dont elle fit son moteur. ce livre rassemble tous les textes (essais, portraits, chroniques, etc.) d'emmanuel Laugier sur l'oeuvre de Jacques Dupin écrits entre 1993 et 2017. ces textes, dont certains inédits, ont tous été revus, même s'ils conservent intacts l'élan et la tonalité qui les motivèrent. c'est d'ailleurs la variation des voix qui a présidée à l'agencement de l'ouvrage. Ainsi l'ensemble du livre dit l'attention fidèle portée à l'oeuvre de Jacques Dupin, tout autant que les mouvements internes qui en animent la lecture. « ils esquissent puis précisent le parcours du lecteur que j'ai été depuis plus de vingt ans et que je ne cesse d'être vis-à-vis du poète et de l'ami », dit l'auteur.
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L'oeil bande ouvre grand l'espace de la ville mêlé à l'espace intime, dans une fragmentation des perceptions reflétées sur la rétine. Promenade sensorielle, qui attrape au passage le détail des vitrines, le flash des ampoules, le noir des rues, dans une restitution littéraire du regard et de ses clignements, dans la mobilité permanent de l'oeil qui embrasse dédales de rues, d'immeubles, de façades de pierres et de dos d'hommes.
Emmanuel Laugier use de cette disparité de perceptions et d'informations pour nous restituer le monde.
Il se dégage un sentiment d'enregistrement direct, cette sensation - debout, chaotique - de vivre en direct au fil du texte, sur la bande passante d'un oeil qui déroule ses barres de rues, ses misères d'hommes perdus, ses anonymats. Une humanité animale, étalée, prise dans les phares crus d'une réalité syncopée.
A travers la fente, quelque part à travers la vitesse affolée du nerf optique, dans un saisissement des choses aperçues, toucher le corps, atteindre l'autre, se retrouver, quelque part au milieu de cette humanité qui se déplace. Nos vies battent dans les rues, nos vies hantent les rues, agitations sous le ciel. Sous la neige qui recouvre le jour, multiplie les réflexions, l'oeil neige vers la lenteur, vers le plan fixe. L'oeil fixe.
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« Crâniennes » est le mot leitmotiv à partir duquel ce livre s'amorce. L'auteur cherche la forme qu'il aura à donner à toutes circonstances, des plus communes à d'autres, au-delà, à fl eur de crâne senties : loire passée avec l'ami, serge à l'hôpital, un chien, une rue, un paysage penché dans le vent, des photographies, des fragments de fi lm, le lent déroulé de la mémoire, la fi nesse sonore d'une barque fi lant. etc. E. L.
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Le mot for, étymologiquement du latin Foris (dehors) et connu pour son association à d'autres mots dit aussi bien le passage de l'extérieur à l'intérieur que la construction de ce que l'on appellera le for intérieur. Ce livre tente de comprendre et approcher, par le biais de ce qui se passe journellement dans le crâne de qui se lève le matin, dort, rêve, vit, etc. Le dedans et le dehors, l'intérieur et l'extérieur.
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Même poème. Des sujets y deviennent visibles (les suivantes) et ne le sont que parce qu'ils traversent une continuité de temps dans la discontinuité flagrante de leurs événements : un homme-boxeur tourne autour d'une place quand plus tard la place est laissée à la seule voix de l'idiot ; en marge un animal passe dans l'herbe haute, un enfant en short court est plongé dans la rêverie d'un coffre noir ; plus tard chacun est ailleurs, mais les suivantes viennent, disparaissent, se rétractent, reviennent, réunissent, vont dans la terre et passent derrière la montagne une histoire longue et une. Ainsi font-elles tracés en descendant.
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La poésie d'Emmanuel Laugier est une tentative de percée vers un monde extérieur qui ne se délivre jamais de plain-pied, et ne se laisse entrevoir qu'à travers les failles et les déchirures qui annoncent l'avènement du sujet. Il y a chez l'auteur un projet de reconstruction, de reconstitution d'un espace extérieur vivable, fortement marqué par une mémoire, strictement sensorielle et perceptive, qui fonctionne à la manière d'une " boîte noire ", à l'écoute des manifestations sonores du monde. L'écriture d'Emmanuel Laugier refuse de se laisser enfermer dans l'ordre du simple discours. Sans cesse interrompus, brisés, repris et accrus, ses vers sont le signe dune recherche continue, dont le poème conserve la trace.
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LTMW est un livre au titre crypté, qui a la forme de lettres en blason adressées à la femme aimée. Les citations qui ouvrent LTMW sont comme des balises temporelles de cet acronyme, la continuation-réinvention de ce que « aimer » peut dire et faire écrire.
LTMW est compoé de 81 poème courts, incisifs, poèmes de nuit (images muettes à « la mémoire lointaine ») d'une grande acuité de sensation. Les Letters to my wife s'inscrivent dans une tradition de poésie amoureuse-érotique (les Troubadours, Maurice Scève), elles déploient un portrait à facettes à la forte dimension cinématographique : le livre se constitue en une sorte de lent panoramique ponctué d'arrêts-sur-image ou raccourcis de séquences à la temporalité brouillée.
« Je n'ai jamais pensé pouvoir imaginer que quelque chose comme cela puisse venir à moi et s'écrire en un seul livre, mais seulement que les désirs qui s'y attachent pouvaient se diffuser ci et là dans les pages d'un livre ' général '. C'était me tromper. Toute la tâche, une fois comprise qu'elle en était une, fut que cela s'écrive dans le jour le jour d'un carnet où la pudeur, la discrétion, le tact du vers lui-même furent ce que je voulus respecter au plus haut point des conditions rythmiques du livre entier ; et que celui-ci, à la fin, réponde entièrement à ce qui se validerait pour chaque un. » [extrait d'une présentation de LTMW par l'auteur]