Roberto Bolaño meurt en 2003, laissant en partie inachevé un roman « monstrueux », instantanément considéré comme le geste littéraire le plus marquant du début du siècle. On y retrouve, amplifiées, toutes les obsessions de son auteur : quatre universitaires partent à la recherche de Benno von Archimboldi, un mystérieux écrivain allemand dont l'oeuvre les fascine. Leur quête les mènera à Santa Teresa, ville mexicaine inspirée de Ciudad Juarez, où les féminicides déciment la population.
Mais, comme toujours avec l'auteur des Détectives sauvages, le roman d'aventures est un trompe-l'oeil, une fausse piste lancée au lecteur pour l'amener vers un roman apocalyptique, où la condition humaine est habitée, voire rongée, par le Mal. Le texte oscille alors d'une énigme à l'autre, d'une découverte macabre à l'autre, s'enfonçant dans le désert, dans des territoires incertains entre le Mexique et l'Amérique, frontière qui cristallise et détruit les espoirs. Chef-d'oeuvre à l'écriture incomparable, 2666 est sans doute le roman le plus audacieux de Roberto Bolaño.
Raymond Depardon découvre le Chili en septembre 1971, accompagné du journaliste Robert Pledge, alors que le pays fête le premier anniversaire de l'élection de Salvador Allende.
Cofondateur du parti socialiste et soutenu par une coalition d'Unité populaire, le président chilien souhaitait mettre en place la voie chilienne vers le socialisme avec, notamment, la nationalisation de secteurs majeurs de l'économie et les réformes agraires. Depardon photographie alors dans les rues de la capitale, à Santiago, les manifestations festives en soutien au gouvernement d'Allende. Il va également se rendre dans les terres du sud à la rencontre du peuple Mapuche qui se bat pour le droit de vivre sur la terre de ses ancêtres. Deux ans plus tard, Raymond Depardon et Robert Pledge envoient le photographe américain David Burnett au Chili pour couvrir le coup d'état d'Augusto Pinochet qui fait basculer le pays dans une dictature militaire. Les images de Burnett, qui viennent compléter et enrichir le reportage de Depardon, seront récompensées en 1973 par la Robert Capa Gold Medal Award. Publiée à l'occasion des 50 ans du coup d'état qui provoquera également la mort du président Salvador Allende, cette publication propose de revenir sur les événements entourant cet autre 11 septembre, celui de 1973, où les foules joyeuses photographiées par Depardon sont remplacées, sous l'objectif de Burnett, par des images de la répression sanglante qui leur a succédé. L'ouvrage est composé de deux parties, l'une consacrée aux photographies de Depardon, l'autre à celles de Burnett avec, pour séparation entre ces deux, la reproduction du cliché iconique du photographe chilien, Leopoldo Vargas, saisissant la dernière image de Salvador Allende vivant, sortant de son palais à la Moneda, l'arme à la main. Ces photographies sont enrichies par des textes d'auteurs chiliens qui font entrer en résonnance le Chili des années 1970 avec le Chili actuel, donnant à voir les enjeux de ce pays, 50 ans après le coup d'état.
Avec ce récit de voyage, Martin Caparrós nous invite à redécouvrir l'Amérique hispanique au début du XXI? siècle, un vaste territoire qui s'étend du Mexique à l'Argentine et qu'il rebaptise ici «Ñamérique», pour souligner à la fois son étrangeté et ses liens privilégiés avec la langue espagnole. Le grand reporteur scande son périple par des escales dans des villes emblématiques comme México, la mégalopole de tous les excès, Miami, la capitale du reggaeton et de la pop latino, ou Buenos Aires, la nouvelle pépinière du football mondial ; mais il nous offre aussi des chroniques remarquables de ses séjours à La Havane, Bogota, Caracas, Managua et la surprenante El Alto, perchée à plus de quatre mille mètres sur les montagnes de Bolivie. Au cours de son voyage, Caparrós nourrit sa réflexion par des données historiques, sociologiques et culturelles, ce qui ne l'empêche pas de l'affiner au gré des nombreuses rencontres qu'il fait sur les marchés, dans les camps de migrants, dans les stades, dans les mines, voire dans les maisons closes. Ce sont les protagonistes de ce nouveau Nouveau Monde qui s'expriment constamment dans ces pages et c'est bien avec eux que l'auteur peint son impressionnante fresque de cette Ñamérique aussi vivante que tourmentée, aussi aguerrie que vulnérable, aussi créative que dangereuse.
Que s'est-il passé dans la chambre 406 de la clinique Santa María à Santiago du Chili le 23 septembre 1973 ? C'est là un mystère qui entoure la mort de l'un des plus grands écrivains d'Amérique du Sud : Pablo Neruda.
C'est là l'histoire d'une énigme jamais résolue... jusqu'à présent et qui secoue encore l'histoire politique de ce pays.
Eleazar Luna est ouvrier dans l'une des dernières mines de salpêtre du désert d'Atacama. Il suit des cours du soir et découvre la poésie avec ferveur, et avec elle l'écriture, puis l'amour. Mais la jeune femme qui le fait chavirer s'intéresse à quelqu'un d'autre, un rival exceptionnel : un jeune boxeur qui fait tourner la tête de toutes les femmes de la ville.
Le cadre martien du désert d'Atacama où les fleurs n'éclosent qu'une fois par an et ne durent que 24 heures, la dureté du travail dans les mines de salpêtre, captivent le lecteur, les personnages extraordinaires et dérisoires sont très impressionnants et attachants. Le charme du conteur est incontestable, il nous prend dans ses filets immédiatement.
« Rivera Letelier est un coureur de fond de la littérature, un raconteur d'histoires chaleureux, un de ceux qui nous rendent notre capacité de rêver.» Luis Sepúlveda.
L'histoire se déroule en 1986 en pleine dictature au Chili. Celle que tout le monde appelle «la Folle du Front» vit dans un quartier pauvre de Santiago. Cette vieille femme transgenre a quitté la prostitution et brode désormais des nappes raffinées en fredonnant des chansons de Sarita Montiel.Très vite, la voilà amoureuse de Carlos, un jeune militant, pour qui elle est prête à tout. Lui voit dans la maison branlante de « la Folle » un lieu idéal pour cacher et stocker des armes en vue d'un attentat contre Pinochet. Derrière cette alliance loufoque, c'est bien le grand soir révolutionnaire qui se prépare.Dans la tradition baroque et subversive du roman latino-américain, Pedro Lemebel réussit un coup de maître, une comédie brillante et troublante sur la sexualité et le pouvoir. Avec une prose sensuelle, flamboyante, burlesque et mélancolique, il entremêle l'histoire bouleversante d'un amour hors du commun avec le destin politique d'un pays.
Chili, années de la dictature de Pinochet.
M, une petite fille, accompagne D, son père représentant en quincaillerie, dans ses tournées et se passionne pour les objets qu'il vend tant ils lui paraissent être l'ordre même de l'univers. Elle rencontre ainsi les autres voyageurs de commerce, qui constituent «une famille sans parents et donc plus supportable qu'une autre», aide son père à falsifier ses notes de frais, écoute les histoires, drôles ou tragiques, des uns et des autres... jusqu'au jour où son monde se délite.
Avec Kramp, cet objet littéraire inattendu et d'un charme indéfinissable, María José Ferrada incarne une voix nouvelle et puissante de la littérature chilienne.
Depuis la première édition de cet ouvrage, il y a dix ans, à l'occasion de la commémoration des quarante ans de l'assassinat de Salvador Allende, la société chilienne a vécu une période d'intenses bouleversements. L'estadillo, une révolte populaire exceptionnelle qui a commencé à l'automne 2019, a radicalement modifié les rapports de forces régissant le pays depuis la fin de la dictature pinochetiste.
La mise en mouvement de millions de Chiliennes et de Chiliens ravivait le souvenir de la période de l'Unité populaire (1970-1973) qui avait signifié, pour Hernán Ortega, président de la coordination des Cordons industriels de Santiago, « l'aspiration à une société différente, plus démocratique, plus égalitaire, permettant aux travailleurs d'atteindre un développement plein et entier, pas seulement du point de vue économique, mais aussi de celui de l'épanouissement intégral de l'être humain ».
Une page récente de l'histoire du Chili qui permet de (re)lire Venceremos ! sous un nouveau jour. Coordonné par Franck Gaudichaud, Venceremos ! raconte L'Unité populaire vue d'en bas, du point de vue de ceux qui la construisirent et la défendirent, au quotidien. Dans les quartiers pauvres et les usines, dans les organisations de ravitaillement, les comités de voisins, dans les cordons industriels et les commandos communaux, un mot d'ordre résonnait avec toujours plus de force : « Pouvoir populaire ». Et ce pouvoir populaire se construisait, soutenant et critiquant tout à la fois le gouvernement de l'Unité populaire. Quels furent les projets politiques, leurs acquis et leurs faiblesses, les débats et les mythes, leur organisation et leur ampleur ? Que nous disent, cinquante ans plus tard, ces évènement qui firent rêver la gauche internationale ? C'est à ces questions que ce livre s'efforce de répondre en republiant toute une série de documents relatifs à ce pouvoir populaire.
Pour cette seconde édition, deux acteurs du soulèvement de 2019, Karina Nohales, militante anticapitaliste et animatrice de la Coordination féministe du 8 Mars, et Pablo Abufom, éditeur et cofondateur du Centre social de Santiago, font le récit de cette période d'ébullition de 2019. Cet élan renouvelé du peuple chilien a conduit en l'espace de trois années à la défaite du président Piñera, nouvel avatar d'une droite autoritaire et décomplexée n'ayant jamais réellement rompu avec la violence de la dictature ; à l'accession au pouvoir d'une jeune génération militante, dont Gabriel Boric, dirigeant étudiant durant lors du mouvement de 2011 ; à un processus constituant qui se conclura violemment par le rejet des propositions issues du mouvement social en quête d'une sortie institutionnelle. Si le présent ne se fait jamais sans le passé, l'histoire des luttes populaires est toujours un nouveau voyage, s'alimentant sans cesse de la créativité et du dynamisme de celles et ceux qui se battent pour un horizon émancipateur.
Fille d'exilés politiques chiliens, Verónica n'a jamais connu la répression ou la torture, pourtant elle les ressent jusque dans sa chair. Elle n'a pas grandi dans son pays, pourtant il lui manque cruellement.
Condamnée à vivre des émotions par rebond, nostalgique d'un passé qu'elle n'a pas vécu, c'est une exilée de l'exil. Fille de victimes, elle est aussi la nièce d'un des bourreaux et traîtres les plus connus de la répression chilienne, Miguel Estay, dit El Fanta.
Comment réconcilier ces deux hérédités ?
Dans un essai qui conjugue harmonieusement récit personnel et réflexions, Verónica Estay Stange s'interroge : comment l'héritage de la mémoire affecte ceux qui en sont les dépositaires ? Elle tente de se réapproprier son passé dans une quête passionnante, parfois drôle, souvent émouvante.
Verónica Estay Stange mène une enquête personnelle, philosophique et littéraire aussi intimequ'universelle.
Elle s'appelle Golondrina del Rosario, elle joue du piano et enseigne la déclamation poétique, elle est toute délicatesse et sensibilité. Il s'appelle Bello Sandalio, il est roux et trompettiste de jazz dans les bordels de la région. Ils se sont rencontrés une nuit de passion, elle s'est donnée à lui...
Ils vivent dans une colonie minière du désert d'Atacama où l'on attend une visite présidentielle, mais la fanfare des "damnés de la terre", menée par le barbier anarchiste, prépare un autre type de réception.
L'auteur de La Reine Isabel chantait des chansons d'amour s'est donné pour tâche de chanter " son " désert « où les seules fleurs sont l'ombre des pierres » et d'en raconter l'épopée infernale à travers des personnages qui vont à l'essentiel : la vie et la mort, la douleur et la folie, la force de l'amour, des rêves et de l'utopie.
Il y a 50 ans, en pleine guerre froide, l'espoir d'une transformation démocratique de la société chilienne, non armée et révolutionnaire, était écrasée dans le sang par la botte militaire du général Pinochet, avec le soutien du gouvernement des États-Unis. Par-delà la cordillère des Andes, (re)découvrir aujourd'hui le gouvernement de Salvador Allende, la « voie chilienne vers le socialisme », la force du mouvement ouvrier, la réforme agraire, les Cordons industriels, le « pouvoir populaire » ou encore la mécanique infernale de la contre-révolution est riche d'enseignements pour comprendre le XXème siècle, mais aussi les défis du monde actuel. Franck Gaudichaud est professeur en histoire et études de l'Amérique latine contemporaine à l'université Toulouse 2. Il a publié de nombreux articles et plusieurs ouvrages sur le Chili et l'Amérique latine contemporaine. Il est collaborateur du Monde Diplomatique, co-président de l'association France Amérique Latine et membre de Contretemps
Ce livre constitue la première biographie de l'organisation révolutionnaire chilienne. Avant son anéantissement par le Coup d'État de Pinochet le 11 septembre 1973, le Chili a vécu une révolution sociale hors du commun. L'un de ses protagonistes majeurs était le MIR, organisation atypique dont le présent ouvrage fait la généalogie. Des origines universitaires à la direction du mouvement, l'histoire d'une génération militante se dessine. L'ancrage dans les quartiers, le recours à la violence ou encore le rapport aux institutions : autant de questions stratégiques clés qui jalonnent le propos et demeurent pertinentes, un demi-siècle plus tard, alors que le Chili connaît de nouveaux soulèvements populaires.
Un hommage aux militants qui ont dû affronter, le 11 septembre 1973, le coup militaire sanglant du Général Pinochet et de ses troupes. Ni livre d'histoire, ni essai théorique, ce récit politique romancé relate cette séquence historique en épousant le point de vue d'acteurs et actrices de la gauche chilienne de l'époque. Parmi eux, celui qui a refusé de capituler jusqu'à son dernier souffle : Salvador Allende. Ce docu-fiction signé par deux figures importantes de la gauche contemporaine est basé sur une solide enquête. 50 ans du coup d'État de Pinochet au Chili le 11 septembre 2023.