Essais littéraires et correspondances : les jolis mots des gens de lettres
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Nécessaire d'écriture : Conseils aux jeunes romanciers
Jean Rouaud, Nathalie Skowronek
- Seghers
- 19 Septembre 2024
- 9782232147791
Un Nécessaire d'écriture qui puise autant dans l'histoire des lettres que dans l'exercice des ateliers d'écriture pour percer les secrets de la création littéraire.
" Écrire, c'est se perdre avec l'air de celui qui semble savoir où il va, car écrire passe par cet état de perte, hors de contrôle, qu'il sera toujours temps de contrôler. Il faut accepter cet inconfort, suivre le mouvement de son texte et lui faire confiance jusqu'à gagner en liberté et ouvrir son imaginaire. Au fil des expérimentations, on cherche à trouver son propre gabarit littéraire, autrement dit, sa langue, sa forme, son propos.
Écrire, c'est aussi se confronter à un formidable catalogue d'oeuvres qui font la littérature. Si elles nous fascinent tant, c'est que nous y avons appris à voir le monde par les yeux de celles et ceux qui se sont posé les mêmes questions adaptées à leur époque, suscitées par elle et la longue mémoire des siècles " (J. R. et N. S.).
Comment Racine, Flaubert ou Proust se sont-ils " trouvés " ? Et tant d'autres, de Kerouac à Bernhard, de Woolf à Duras, en quoi leur oeuvre peut-elle apporter des réponses aux romanciers en proie à la passion d'écrire, mais aussi aux blocages, aux doutes, aux errances... ? Puisant dans l'histoire des lettres comme dans la pratique des ateliers d'écriture, Jean Rouaud et Nathalie Skowronek nous proposent un voyage aux sources de la création, mêlé de conseils et d'exercices, pour délivrer un art poétique tout personnel. -
Pétit éloge de la procrastination
Emmanuel Villin
- Les Pérégrines
- Petit Eloge
- 4 Octobre 2024
- 9791025206485
«"Écrire, c'est ne pas parler", estimait Marguerite Duras. C'est aussi ne pas écrire - l'autrice de La Vie tranquille et de Moderato cantabile ne m'aurait pas contredit. Car mille choses plus pressées attendent l'écrivain : caresser son chat (l'écrivain a un chat), tailler ses crayons, aller à la piscine... L'écrivain est trop occupé pour s'adonner à l'écriture. Il n'est toutefois pas le seul à pratiquer cet art de l'atermoiement, et ce livre sera l'occasion de citer quelques modèles du genre.»
Alors que se multiplient les ouvrages pratiques nous enjoignant à ne plus procrastiner, il était temps d'allumer un contre-feu en faisant l'éloge de ce mode de vie. Mal du siècle ? Vice ? Péché capital ? Non, la procrastination est au contraire la voie de l'excellence, celle qu'empruntent les génies. -
Des mots et des actes : Les belles-lettres sous l'Occupation
Jérôme Garcin
- Gallimard
- La Part Des Autres
- 3 Octobre 2024
- 9782073058270
Le temps n'est certes plus à l'admiration béate des créateurs, à la séparation de ce qu'ils sont et de ce que leur oeuvre donne à connaître et à admirer. Mais cette double vision, plus pénétrante, fut, pour Jérôme Garcin comme pour d'autres de sa génération, un apprentissage : «À l'adolescence, j'attendais de la littérature à la fois un refuge et un horizon. Je lui demandais de l'aide, je ne lui demandais pas des comptes.» Les coulisses de ce théâtre de signes n'étaient pas toutes reluisantes ; et des mots aux actes - c'est bien l'axe de ce livre - il y avait un écart qu'il s'est avéré impossible sinon de combler, du moins d'ignorer. Dans cette passionnante revue d'effectifs des «belles-lettres» sous l'Occupation, qui s'appuie sur une connaissance fine des sources de l'histoire littéraire, Jérôme Garcin ajuste son regard, nos regards sur cette époque en clair-obscur, à l'aune de quelques-unes de ses plus hautes figures morales et intellectuelles - avec l'admirable Jean Prévost tout en haut de l'échelle. Ce questionnement par l'exemple sur la responsabilité de ceux que leurs écrits ont fait briller et qui se sont compromis s'adresse autant aux auteurs de ce temps qu'aux lecteurs d'hier et d'aujourd'hui. Car on a beau se garder de vouloir porter des jugements après coup, se répéter que le dossier est documenté depuis longtemps, on ne peut s'empêcher d'éprouver un persistant malaise à l'évocation de cette arrière-cour des catalogues et à l'égard de cette ignorance feinte, voire d'une certaine complaisance, sur laquelle ont pu et pourraient encore reposer certaines de nos passions littéraires. C'est à mieux saisir cette «part des autres», tantôt sombre, tantôt lumineuse, que Jérôme Garcin s'attache ici, en évoquant les figures de Brasillach, Céline, Chardonne, Cocteau, Morand ou Rebatet, et toujours à la lumière des engagements de Kessel, Lusseyran, Mauriac, Paulhan ou Jules Roy.
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Molière, la musique d'une vie : Le récit imaginaire de Dorimond
Georges Forestier
- Gallimard
- Hors Serie Litterature
- 10 Octobre 2024
- 9782073082718
Et si le comédien Nicolas Drouin, dit «Dorimond», avait raconté la vie de son ami, et néanmoins rival, Molière ? C'est cette lettre imaginaire qu'invente ici Georges Forestier et qu'interprète Denis Podalydès. Ce récit constitue la trame d'une biographie hors norme : à partir des souvenirs de Dorimond, le lecteur plonge dans les secrets de fabrique des plus grandes pièces de Molière et y découvre le contexte d'écriture, de création et de réception de ses scènes mémorables. Enregistrées en prononciation restituée par les comédiens du Théâtre Molière Sorbonne, elles revivent aussi grâce à William Christie et son ensemble Les Arts Florissants. La musique reprend ici sa place d'origine au coeur des pièces et participe pleinement à notre plaisir d'auditeur. Ce travail de reconstitution, intensément vivant, associe de façon inédite les grands textes de Molière, les grands noms de la musique baroque et l'interprétation des comédiens.
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Le Goût des autres : L'album photo de Bernard Pivot
Agnès Pivot, Cécile Pivot
- Calmann-Lévy
- 30 Octobre 2024
- 9782702192962
« Pour ce livre, mon père a investi mon bureau. Il y a pris toute la place, que je lui ai laissée bien volontiers. J'ai passé mes journées à son côté, lu des dizaines d'articles, revu ses émissions. Je voulais qu'aux photos sélectionnées, piochées dans ses albums, soient associés des documents écrits, citations, témoignages, interviews, extraits de livres, tweets... Rendre compte du formidable journaliste littéraire qu'il fut, mais pas seulement. Il était un amateur passionné de football et de vin, et un fin connaisseur, du breuvage comme du ballon rond.
Il vouait un autre amour indéfectible, à la région de son enfance, le Beaujolais. Il avait le goût des autres, savait apprécier les bonheurs de l'existence à leur juste valeur. La chance l'a presque toujours accompagné, il n'a eu de cesse de la remercier. Il a aimé la vie, me semble-t-il, comme peu de gens l'aiment. Elle le lui a bien rendu. »
Cécile Pivot
De son enfance à l'académie Goncourt, de Lire à Bouillon de culture en passant par Apostrophes mais aussi par des parties de football ou des vendanges en
Beaujolais, cet album très personnel retrace la vie de Bernard Pivot. Dans ces pages, les lecteurs retrouveront avec bonheur et un brin de nostalgie la passion et l'enthousiasme qui animaient ce grand amoureux des mots et des livres.
Avec un texte de Pierre Assouline de l'Académie Goncourt. -
«Je voyage pour vérifier mes rêves», a écrit Gérard de Nerval. Comme lui, je n'ai pas eu de quoi nourrir une nostalgie de l'enfance. Je me souviens des punitions infligées par la religieuse à l'orphelinat pour mes lectures la nuit sous la couverture à la lueur de la lampe de poche. J'avais neuf ans. Je recommençais néanmoins et la poésie devint une échappée irremplaçable. Comme Gérard de Nerval, j'ai voyagé vers l'Orient, l'Égypte, la Turquie, les caravansérails au fil de la route de la Soie puis l'Afghanistan et quelques terres en feu. J'ai connu la mélancolie qui mène à la création, entre tristesse et énergie vitale. Je me suis promené sur les pas du poète à Paris, autour des phalanstères où, avec d'autres écrivains, il goûtait aux charmes du club des Haschichins en déclamant des vers. Il a été de ces boussoles qui vous guident pour découvrir votre vérité d'homme. «La nuit sera noire et blanche.» Par-delà les siècles et les ténèbres, il m'a indiqué la lumière. O. W.
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Etre éditeur : Histoire, discours, imaginaires
Anthony Glinoer
- L'Echappee
- 18 Octobre 2024
- 9782373091601
Personnage au statut fragile mais privilégié parmi le «peuple du livre», l'éditeur occupe un rôle clé dans la production du livre, qu'exprime la mention de son nom sur les couvertures. Parce qu'il a pour fonction principale d'amener un texte vers un lectorat, l'éditeur se tient dans un constant mais instable équilibre entre politique de l'offre et politique de la demande, entre audace et opportunisme, entre la création et son commerce. Dans quelle histoire s'inscrit l'activité de l'éditeur? Quels types de discours tient-il sur son métier? Comment cette figure nourrit-elle l'imaginaire social? Autant de questions qui trouvent des réponses dans ces pages.
Si l'édition française a fait l'objet de nombreuses publications, Anthony Glinoer réalise la première synthèse entièrement consacrée à la figure de l'éditeur, à la croisée de l'histoire du livre, de la sociologie des pratiques culturelles et des études littéraires. Un vaste corpus de mémoires, de romans, d'ouvrages savants, de films et d'entretiens a été mobilisé pour faire émerger, de manière vivante et illustrée, l'être éditeur, tant dans ses pratiques que dans ses discours et dans les représentations qui les entourent, entre diabolisation et célébration. -
Créer, écouter : Portraits d'artistes et d'écrivain.es
Lise Gauvin
- Memoire D'Encrier
- Essai
- 18 Octobre 2024
- 9782897129910
Dans cet essai, Lise Gauvin rend hommage aux artistes et écrivains exceptionnels qu'elle a côtoyés et qui l'ont marquée au cours de son parcours - Édouard Glissant, Jean-Paul Riopelle, Gaston Miron, Marie-Claire Blais, Assia Djebar, Anne Magnan, Anne Hébert, Dany Laferrière, Joséphine Bacon. Aux portraits, s'adjoignent des entretiens avec les artistes et écrivains présentés. La parole est ainsi donnée directement aux créateurs.
"Il y a dans toute rencontre quelque chose d'imprévisible et de suspendu. Celles qui sont présentées dans cet ouvrage ont eu pour effet de me rendre sensible à cette « pensée du tremblement » que Glissant décrit comme étant l'emblème de notre modernité. Puisse cet archipel d'artistes et d'écrivains inspirer également les générations à venir." -
Les mémoires d'un grand professeur et critique littéraire, monument de la culture française.
" Pendant de longues années, j'ai parlé des autres. Dans mes cours et dans mes livres. Le jour où j'ai renoncé à être romancier ou poète pour devenir critique littéraire, j'ai aussi renoncé à parler de moi. Naturellement, j'ai secrètement espéré que les portraits des écrivains que je présentais refléteraient l'âme du peintre. Mais si discrète était la confession ! Si neutre le style...
Comme le clavier d'un piano, la mémoire est faite de blanc et de noir. Je n'ai pas cherché à reconstituer ces blancs, à les combler par une connaissance historique, c'est-à-dire extérieure.
Qu'est-ce qu'être un enfant durant la Seconde Guerre mondiale ? Un adolescent d'autrefois ? L'élève d'un collège de jésuites pendant la guerre ? Qu'étaient le Cameroun ou l'Égypte des années 1960 ? Nous avons voulu, comme Raymond Radiguet, "chasser les mouches du passé'. Tant d'êtres, tant de passages...
Je compte ici, à partir de quelques vieux souvenirs, vieux amis, vieux ennemis, rebâtir une sorte de moi. "
Jean-Yves Tadié
Professeur et critique de la littérature éminent qui a su transmettre l'oeuvre de Marcel Proust à des générations de lecteurs, Jean-Yves Tadié, à travers ses mémoires passionnants, ses goûts littéraires et sa bibliothèque idéale, nous plonge dans la vie culturelle, politique et intellectuelle de l'après-guerre française. -
Plus d'un siècle qu'on lui reproche sur tous les tons d'avoir à vingt ans abandonné la poésie. Or personne ne s'est demandé si ce n'était pas plutôt elle, la poésie, qui s'était dérobée sous ses «semelles de vent», devenue obsolète, désuète, avec ses alexandrins marchant d'un pas militaire à la rime, inapte à rendre compte des prodigieux changements que la technologie et l'industrie, au nom du Progrès, imposaient à la société de son temps. Et le jeune Rimbaud en fut le témoin, qui fut hébergé par Charles Cros, poète et inventeur du phonographe, qui fréquenta Paul Demeny dont le frère Georges fut un des pionniers du cinéma, qui connaissait par Cabaner les discussions enflammées du café Guerbois où Monet, Manet, Cézanne procédaient au dynamitage de l'académisme. «Il faut être absolument moderne», lâche-t-il dans Une saison en enfer, moins pour s'en convaincre que reprenant un mantra du temps. Et la poésie dans tout ça ? Il s'en était ouvert à Banville, alors grand maître du Parnasse : «Ne va-t-il pas être bientôt temps de supprimer l'alexandrin ?» avant d'exécuter lui-même la sentence dans les Illuminations. Et à Germain Nouveau qui se proposait de l'accompagner à Londres : «La poésie écrite ne me dit plus rien. Je préfère les voyages.» Et il partit.