Claudia, journaliste, voit réapparaître une affaire qu'elle avait couverte dix-huit ans plus tôt, concernant un jeu de piste très en vogue en Europe à la fin des années 1990, la Chouette d'or. À l'époque, elle avait suivi Beto, un jeune Péruvien suspecté d'avoir découvert et dissimulé la chouette, introuvable depuis. Quand Claudia apprend l'assassinat de Beto à Barcelone, elle quitte aussitôt Genève, son mari et sa fille adolescente pour l'Espagne.Elle retrouve la ville de ses vingt ans et Omar, un amour de jeunesse. Son passé resurgit en même temps que progresse l'enquête. Guidée par sa sensibilité pour les forces invisibles, Claudia navigue entre fantômes, ufologues, stars du foot et oiseaux de nuit.Drôle et malicieux, La Chouette d'or brosse le portrait d'une femme qui tente d'échapper à la fuite du temps.
«Lauren Hough a passé du temps dans le caniveau, à observer les étoiles avec une intensité que la plupart d'entre nous ne sauraient imaginer. » Cate Blanchett ( préface) Dans ce récit d'apprentissage, Lauren Hough raconte son enfance dans la secte « les Enfants de Dieu» et son insertion dans la société américaine : le passage de l'illusion de confort et de sécurité procurée par l'appartenance à une communauté - quelle qu'elle soit- à la paix intérieure qui surgit lorsqu'on choisit de ne plus cacher qui l'on est et de penser par soi-même. Lauren et sa famille sont trimballées d'un continent à un autre, vivent dans des maisons sur- peuplées et connaissent la pauvreté. Dans la secte, les enfants subissent de nombreux abus sexuels lors des «nuits de partage» programmées avec des adultes, sont victimes de «frottements» par des garçons et sont forcés à pratiquer le «flirty fishing», c'est-à-dire à coucher avec des Systémites - personnes qui sont dans le système- pour leur extor- quer de l'argent à reverser à la secte - prostitution sainte!-. A l'âge de 15 ans, elle quitte la secte avec sa mère et son frère pour aller vivre chez sa grand-mère, au Texas, un des États les plus conservateurs des États-Unis. Très vite, elle rejoint l'armée car elle veut voyager. La politique du « Don't ask don't tell » (2) l'oblige à dissimuler son homosexualité pour garder son travail. Mais difficile de cacher ce qu'on est. Elle sera forcée de quitter l'armée et verra apposer sur ses papiers « aveu d'homosexualité ». Elle se retrouve alors à Washington D.C., sans le sou, avec un ami, enchaîne les petits boulots - barista, videuse dans un bar gay, technicienne d'installation de réseaux câblés. Portée par une écriture directe, à l'humour féroce, Lauren Hough embarque le lecteur dans ses différentes vies. Il est projeté au coeur même de l'apprentissage, là où consentement, esprit critique et prises de consciences se révèlent. Une perspective de vie en forme d'appel à l'esprit humain. Ici se situe la puissance de La fureur de vivre, un livre féministe joyeux, enthousiaste malgré tout ! (1) Cate Blanchett prête sa voix pour l'audio et signe une préface inédite pour les Éditions du Portrait-préface de comédienne débutée avec Emma Watson pour le Steinem-. Elle joue MsSchafly dans la série MsAmerica. MrsSchafly étaitl'ennemie numéro 1 de Gloria Steinem. Récompensée par un Oscar dans Aviator de Martin Scorsese, par un Golden Globe pour le Bob Dylan de Todd Haynes - (2)- Ne demandez pas, n'en parlez pas Genre |Récit féministe
«Le Grand-Esprit a donné à certains la faculté d'être à la fois homme et femme dans un seul corps. On les appelle les Peaux-Mêlées. Ils sont l'harmonie et sont une faveur. Il y a bien longtemps que notre tribu n'a plus eu de Peau-Mêlée. Aujourd'hui, de nouveau, nous avons cette chance.»Grand Nord canadien, XV? siècle. Ignorant le secret de sa naissance, Fille-Rousse peine à trouver sa place au sein de sa tribu. À l'adolescence, elle préfère chasser avec les garçons que de rester au campement avec les autres femmes. Serait-elle une «Peau-Mêlée», cet être providentiel censé apporter grandeur et prospérité à son clan ?Lorsque émerge une menace venue de l'autre côté de l'océan, Fille-Rousse se trouve projetée dans un monde de violence et d'avidité. Entre férocité des rites et amour filial, tradition et modernité forcée, elle devra se battre pour survivre et imposer sa différence.
Un événement : quarante ans après l'Affaire Ajar, le dernier témoin et protagoniste de cette légendaire invention littéraire, celui qu'on appelait Émile Ajar, prend la parole. Paul Pavlowitch, cousin de Romain Gary, se souvient de ceux qui ont partagé sa vie, les deux icônes Romain Gary et Jean Seberg. Il raconte le destin magnifique et terrible de ces deux personnalités extraordinaires. En toile de fond de cette vie intime, est dépeinte avec une grande précision documentaire, la seconde moitié du Vingtième siècle depuis la jeunesse de Gary et celle de Seberg, de la Lituanie aux États-Unis, période emplie de conflits armés, de répression puritaine et politique, de racisme mais aussi de liberté.
L'auteur fait revivre ces personnes tant aimées, parcourt sa mémoire et ses carnets de notes de toujours, rassemble les pièces de leurs existences et donne des clefs pour comprendre comment ces deux êtres d'exception ont tant brillé avant de disparaître tragiquement.
Un texte puissant littérairement qui célèbre le souvenir d'une « tribu » telle que la nommait Gary, une extraordinaire famille qui a bousculé l'histoire de la littérature française.
Se raconter des histoires pour changer la vie !
Raconter des histoires, jouer au pirate, un personnage de théâtre, un rôle social, faire des projets, mentir, délirer, rêver, parler aux fantômes ou aux anges, communiquer avec le régne végétal, animal, lire l'avenir dans les tarots, dans les astres, jeter des sorts, écrire des romans... On pourrait penser qu'il existe une nette différence entre toutes ces pratiques. Leur point commun est qu'il y est fait usage de la fiction, qui, comme dans la divination, fait être ce qui est dit. Souvent perçues comme un échapatoire au réel, ces opérations mentales se révèlent performatives à bien des égards. En tant qu'elles nous permettent de " savoir " et d'" agir " sans utiliser les moyens ordinaires d'information, elles relèvent de la mantique : elles ont la faculté de faire advenir des possibles, le futur, par expériences de pensée.
Dynamitant joyeusement la valeur purement esthétique attribuée à la fiction, ce petit guide tâche d'en faire un moyen d'action et de subversion - des " prédi(fi)ctions ". Il propose ainsi un entraînement à la fiction performative sous forme d'exercices, à la manière de certains ouvrages de développement personnel, mais sans recette miracle - parce qu'ici les moyens valent autant que les fins.
Pour écrire la série THE GOOD PLACE, Michael Schur s'est plongé dans les théories morales les plus sophistiquées.
Il en est revenu avec ce livre lumineux, drôle et accessible, le premier traité de morale écrit par un très grand créateur de séries. L'ouvrage s'ouvre sur des questions éthiques simples telles que "Dois-je frapper mon ami sans raison ?" (la réponse est non), jusqu'aux dilemmes moraux les plus complexes. Par exemple, "Puis-je aimer un livre écrit par un auteur raciste ?" ou "Pourquoi s'embêter à faire le bien quand il n'y a aucune conséquence à faire le mal ?" On en ressort avec un peu plus de sagesse et une meilleure idée de ce que pourrait être une vie bonne.
Agathe Langley a dix-neuf ans en cette année 1898. Contrairement aux attentes de ses parents la jeune femme boude les bals mondains et ne vit que pour l'astrophysique qu'elle étudie en cachette avec la complicité de sa gouvernante. Alors que les Langley viennent de quitter Londres pour s'installer à la campagne. Agathe fait la connaissance de leur excentrique voisin Lord Nathanaël Stone dans sa demeure de Bloomstone Manor... une rencontre qui va changer sa vie du tout au tout.
J'ai passé dix ans au pays psychiatrique, ma vingtaine. Années pendant lesquelles j'ai le corps bourré de chimie, la tête écrasée dans l'emprise des discours des psychiatres, une peur XXL verrouillée dans le ventre. Dans ce récit j'ouvre une fenêtre sur un espace qui est tout le temps clos : celui de l'hôpital psychiatrique et des violences qu'on y croise et subit, celui des consultations qui dissocient deux mondes bien distincts. D'un côté, les psychiatrisés, de l'autre, ceux qui possèdent les droits de dominer. Un espace dans lequel l'abus de pouvoir bat son plein. C'est cette histoire-là que je raconte.
J'ai des soucis de santé mentale, j'en avais avant la psychiatrie, j'en ai encore aujourd'hui et je surveille ma tête comme on veille le lait sur le feu. Pour me sentir plus forte j'ai eu besoin de trouver comment dire avec justesse ma propre histoire, et j'ai eu envie d'un récit collé au plus près de l'intime pour que d'autres s'y retrouvent. Ce livre vient d'un désir de mise en commun : pour une fois, les transmissions d'informations utiles se font de notre côté à nous. J'ai écrit pour que nous nous sentions moins seuls, j'ai écrit dans la crudité des événements, sans lisser les faits, sans tenter de minimiser leur cruelle portée.
Un récit chargé qui fait pourtant comme une bouffée d'air.
Si nombre de lecteurs considèrent que Le Château des Étoiles (Liana Lévi, 1985) est l'un des meilleurs romans historiques de l'époque, c'est bien sûr parce que Paul de Brancion n'y fait jouer aucune des ficelles du genre. Il nous raconte l'histoire d'un homme réel Tycho Brahé (1546-1601) - mais plutôt que de monter un décor autour de son héros, il choisit de nous faire toucher le bois rude d'une époque encore ensauvagée, faisant revivre au jour le jour le quotidien brutal d'un homme tiraillé entre raison et magie, savant génial qui trébucha, mais de quelle émouvante façon, sur le seuil inquiétant de ce qu'on appelle la modernité.
« Elle sort de la forêt seule sur son cheval. Âgée de dix-sept ans, dans la froide bruine de mars, Marie, qui vient de France ».
Que disent les livres d'histoire sur Marie de France ? Qu'elle est la première femme de lettres à écrire en français. Pourtant, sa vie reste un mystère. Matrix lève le voile sur ce destin hors du commun.
Expulsée de la cour par Aliénor d'Aquitaine, la « bâtarde au sang royal » est contrainte à l'exil dans une abbaye d'Angleterre. Loin de la détruire, cette mise à l'écart suscite chez elle une révélation : elle se vouera dès lors à la poursuite de ses idéaux, à sa passion du texte et des mots. Dans un monde abîmé par la violence, elle incarne la pureté, transcendant les obstacles grâce à la sororité.
Moderne, frondeuse et habitée par une grande puissance créative, Marie de France devient l'héroïne absolue, le symbole des luttes d'émancipation bien avant que le mot « féminisme » existe.
Psy, pute (terme qui ne comprend pas, ici, les esclaves sexuelles) et curé ont pour fonction d'accueillir celles et ceux qui ne peuvent faire autrement que payer pour obtenir ces services. Ce rôle de réceptacle de ce que la société ne peut évacuer ailleurs explique-t-il leur statut à part ? Quelle est la place de l'intime, voire de l'amour, dans la confession, la séance et la passe ?
Elon Musk et Jeff Bezos aujourd'hui, Steve Jobs et Bill Gates hier, Thomas Edison et Andrew Carnegie un siècle plus tôt... De nombreuses célébrités entrepreneuriales peuplent nos imaginaires. Ces grands hommes seraient des créateurs partis de rien, des visionnaires capables d'imaginer des innovations révolutionnaires, des génies aux capacités hors du commun. Régulièrement, un même miracle semble se produire : un être d'exception pénètre un marché et le révolutionne. Il y provoque la création destructrice et bouleverse un ordre que l'on croyait immuable. Dans le grand roman de notre économie, les entrepreneurs sont ces héros qui sortent l'humanité de sa torpeur et lui permettent de faire des bonds en avant sur la route du progrès. Dans ce livre, Anthony Galluzzo s'attache à défaire cette mythologie, à comprendre ses caractéristiques et ses origines. Il montre en quoi cet imaginaire fantasmatique nous empêche de saisir la dimension fondamentalement systémique de l'économie et contribue à légitimer un ordre politique fondé sur le conservatisme méritocratique, où chaque individu est considéré comme pleinement comptable de ses réussites et de ses échecs.
Quand le cinéma et la vie s'allient pour fabriquer du romanesque féroce, l'oeil de l'écrivaine s'allume. Qu'ont en commun "Les Oiseaux", "Marnie", "Body Double", "Working Girl", "Le Bûcher des vanités" et "Cinquante nuances de Grey" ? Autrement dit, deux indéboulonnables classiques d'Alfred Hitchcock, la bande image des années 1980 et le plus grand phénomène de porno-soft de notre époque ? Leurs héroïnes : Tippi Hedren, Melanie Griffith, Dakota Johnson, trois femmes activement disparues de mère en fille...
Sur le mode d'une narrative non-fiction réinventée, Hélène Frappat signe une enquête arachnéenne sur le réel proprement surréaliste d'une lignée de stars hollywoodiennes maudites. Et nous fait *voir* comme jamais ce que nous avions pourtant sous les yeux *depuis le début*.
Berger sur le plateau d'Asiagio, dans les Alpes italiennes, Tönle s'adonne à la contrebande pour subvenir aux besoins de sa famille. Quand il blesse par accident un douanier, il doit s'enfuir et devient mineur en Styrie, colporteur d'estampes dans les Carpates, jardinier à Prague... Pourtant, chaque hiver, trompant les gendarmes, Tönle retrouve son foyer et les siens. Les années passent et la Première Guerre mondiale fait éclater le monde tel qu'il le connaissait. Alors que sa région tant aimée n'est plus qu'un champ de bataille, le vieil homme obstiné refuse d'abandonner son troupeau, sa maison, sa famille.
«Cher François,Je viens, un peu tardivement, de lire la liste des personnalités mises sur écoute. Il y appert que je n'ai pas été surveillé. Sache, François, que je ne me serais nullement trouvé flatté de l'avoir été.»En 1983, un homme ordinaire envoie une carte postale au président de la République pour le féliciter de son élection. Quand l'Élysée lui retourne une lettre-type, il se persuade qu'elle lui est personnellement adressée. Réjoui par cette intimité naissante, il entame une correspondance dans laquelle il évoque ses déboires amoureux, la perte de son emploi, ou même la disparition de son chat. Le Président répondra-t-il aux attentes de son administré ? Quand Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande se succèdent, de nouveaux échanges désopilants s'engagent...
Un homme et une femme.Ce n'est pas ni un film ni une comédie. Ce n'est pas une histoire d'amour pour les esprits faibles. L'héroïne a plus de vingt ans, journaliste ambitieuse et douée, et l'homme elle le veut. À tout prix. Mais quel en serait le prix réel ? Jusqu'à quel sacrifice faudrait-il aller ? Sourire chaque jour à cet homme plus âgé, charismatique, brillant, mais qui ne le lui rendra pas ? Lui faire un enfant ? L'élever seule à une époque où cela ne se faisait guère ? Charmer cet homme marié ? Marcher la tête haute ? Toujours. Tous les jours ? Et quand les choses seront consommées, longtemps après, faut-il desserrer cette emprise ?L'héroïne est une amante. Une aimante. Une suppliante. Parfois une suppliciée volontaire. Parfois une amante religieuse, si l'on ose dire. Toujours, une guerrière. Quand vient le crépuscule de Louis, elle le garde pour elle. Leur relation s'inverse. Louis dépend, reclus près d'elle. C'est son homme, désormais, rien qu'à elle. Il lui appartient. Pour toujours.Est-ce un roman ? C'est une histoire vraie, passionnée, folle de suspense et d'attente, de lien charnel et spirituel. C'est un livre dont on sort bouleversé.
Raoul de Jong est né d'une mère néerlandaise blanche, et d'un père surinamais, qu'il n'a jamais connu. Lorsque celui-ci le contacte par email, Raoul est d'abord méfiant, mais accepte de le rencontrer. Bien qu'il ait du mal à nouer une vraie relation avec cet homme, Raoul est fasciné par ce qu'il lui apprend de son histoire familiale et notamment par la légende qui entoure l'un de ses ancêtres, capable, disait-on, de se transformer en jaguar. Malgré les mises en garde de son père, fervent chrétien, Raoul se met alors en tête d'entreprendre un voyage sur ses terres d'origine pour retracer l'histoire de ce fameux homme-jaguar, et en creux, la sienne.
Avec l'aide d'une prêtresse winti (religion surinamaise proche de la santeria ou du vaudou), Raoul se soumet à un rituel de sept jours qui l'aidera à trouver en lui l'esprit du jaguar. Arrivé à Paramaribo, il découvre un univers qui lui est à la fois proche et très étranger. Ses rencontres avec des journalistes, des historiens, des écrivains, des archéologues, mais aussi des professeurs de danse sacrée, ou simplement des personnes à l'histoire proche de la sienne, ainsi que ses lectures - notamment de nombreuses oeuvres de l'époque coloniale - lui permettent petit à petit de reconstituer son lignage, familial comme intellectuel, à travers l'histoire si peu enseignée du pays.
Raoul ne réussit pas à remonter jusqu'à l'homme-jaguar - et ne se « trouve » pas plus au sortir de cette quête. Néanmoins, elle lui permet de démonter les rouages mortifères et manipulateurs du capitalisme, et de son produit, le colonialisme.
À l'inverse, la figure du jaguar lui permet de plonger dans les croyances religieuses de ses ancêtres, et dans la richesse et la force résiliente de celles-ci - comme de la forêt vierge. Au fond, peu importe si les histoires sont vraies ou pas ; ce qui importe c'est leur impact sur le monde réel - qu'il s'agisse de l'instrumentalisation de la Bible pour asservir, ou du symbole libérateur de l'homme-jaguar.
«Le monde magnifique et horrible de Mariana Enriquez, tel qu'on l'entrevoit dans Les Dangers de fumer au lit, avec ses adolescents détraqués, ses fantômes, les miséreux tristes et furieux de l'Argentine moderne, est la découverte la plus excitante que j'ai faite en littérature depuis longtemps».
Kazuo Ishiguro, Prix Nobel de littérature.
Peuplées d'adolescentes rebelles, d'étranges sorcières, de fantômes à la dérive et de femmes affamées, les douze histoires qui composent ce recueil manient avec brio les codes de l'horreur, tout en apportant au genre une voix radicalement moderne et poétique. Si elle fait preuve d'une grande tendresse envers ses personnages, souvent féminins, des êtres qui souffrent, qui ont peur, qui sont opprimés, Mariana Enriquez scrute les abîmes les plus profonds de l'âme humaine, explorant de son écriture à l'extraordinaire pouvoir évocateur les voies les plus souterraines de la sexualité, du fanatisme, des obsessions.
«Je ne savais pas que les enfants avaient failli se faire tuer dans le volume précédent.Quand j'ai appris que c'était Pépère qui avait fait le coup, j'ai pigé un truc : qui ne connaît pas Pépère ne sait pas de quoi l'être humain est capable.»Benjamin Malaussène
Je voudrais raconter les éditions de Minuit telles que je les voyais enfant. Et aussi mon père, Jérôme Lindon, comme je le voyais et l'aimais. Y a-t-il des archives pour ça? Et comment être une archive de l'enfant que j'ai été?
Les morts peuvent faire agir les vivants, mobiliser ceux qui restent autour de questions qui touchent à la vie collective, à l'érosion des liens sociaux, à des événements qui les dépassent ou dont l'ampleur ou la violence pourrait les détruire, annihiler ce à quoi ils sont attachés. Les morts peuvent aider les vivants à transformer le monde. Dans ce livre, Vinciane Despret nous raconte cinq histoires où des morts proches ou éloignés dans le temps ont obligé les vivants à leur donner une nouvelle place. Ces morts « insistent » parce qu'il y a eu quelque chose d'injuste dans le sort qui a été le leur : victimes de violence, commandos d'Afrique et de Provence, sacrifiés politiques à la raison du plus fort... Ceux qui restent ont décidé de répondre à cette insistance en commandant une oeuvre grâce à un protocole politique et artistique nommé le programme des Nouveaux Commanditaires. Ce protocole consiste à choisir un artiste et à décider en commun d'une oeuvre. Il va transformer en profondeur les commanditaires.
Cela n'a rien à voir avec le deuil dans sa forme autoritaire (quand les théories psychologiques enjoignent à l'oubli). C'est avec la vie, celle qui n'est plus mais qui est encore d'une autre manière, celle qui résiste à son effacement, que ce faire avec provoque une étonnante série de métamorphoses.
Dotant un professeur de philo d'un stoïcisme féroce et joyeux, Fernando Aramburu donne à voir les vicissitudes d'un homme, apparemment sans qualités, qui entend mettre un terme à cette comédie tragique qu'est la vie. Pendant 365 jours, il consigne invariablement et sans filtre aucun les faits saillants de son existence : les rêves débridés et les petites misères d'un homme un peu dépassé par la marche du monde mais à la mauvaise foi inébranlable !
Une musique libre et joyeuse s'élève des pages de ce premier roman : celle d'un choeur de femmes saluant la venue au monde de la petite Ève, enfant née d'un désir d'amour inouï.
Stéphanie est cheffe de cuisine, elle voulait être mère, mais pas d'une vie de couple. Elle est allée en Espagne bénéficier d'une procréation médicalement assistée, alors impossible en France. Greg, l'ami de toujours, a accepté de devenir le « père intime » d'Ève. Dans à peine deux semaines, aura lieu la fête en blanc organisée pour célébrer la naissance de leur famille atypique, au grand dam de la matriarche aigrie et vénéneuse qui trône au-dessus de ces femmes.
À l'approche des réjouissances, chacune d'elles est conduite interroger son existence et la place que son corps y tient. Toutes, soeurs, nièces, amies de Stéphanie, témoignent de leur quotidien, à commencer par Ève elle-même, à qui l'autrice prête des pensées d'une facétieuse ironie face à l'attendrissement général dont elle est l'objet. Comme dans la vie, combats féministes, tourments intimes et préparatifs de la fête s'entremêlent.
Camille Froidevaux-Metterie dépeint avec une grande finesse cette constellation féminine, tout en construisant un roman dont les rebondissements bouleversent : rien ne se passera comme l'imaginent encore Stéphanie et Jamila, la nounou d'Ève, s'activant la veille du festin tant attendu.
Tour à tour mordante et tendre, l'écriture, dans sa fluidité et ses nuances, révèle un véritable tempérament d'écrivaine.
«Il est des lieux où le simple fait de naître est une faute, où le premier souffle et la dernière quinte de toux ont la même valeur, la valeur de la faute.»Maria n'a que dix-sept ans quand son amoureux Gaetano s'engage dans l'armée et part pour l'Afghanistan. C'est le seul moyen de gagner l'argent dont ils ont besoin pour fonder leur famille.Dans le Sud napolitain, Giuseppe et Vincenzo ont refusé de faire le jeu de la Camorra qui gangrène la ville. Depuis, ils peinent à survivre en exerçant un métier honnête.Avec ces deux nouvelles d'une troublante intensité, l'auteur de Gomorra met en scène une jeunesse italienne sacrifiée, en proie à la violence des hommes.